Pendentif Caducée de pharmacien en Argent. Taille 1
Prise dans un sens très large, la pharmacie est aussi vieille que l'humanité. En effet, l'homme a dû s'alimenter et surtout, choisir ses aliments. Tout n'est pas consommable d'une part et, d'autre part, l'homme diversifie son alimentation et recherche des effets particuliers. Des ethnologues remarquent par exemple que la pratique collective conduit certaines sociétés à percevoir des différences là où l’œil occidental ne remarque rien, en particulier en ce qui concerne certaines baies dangereuses à consommer. A un moindre degré, la consommation de champignons requiert une habitude qui s'exerce. On ne s'étonnera pas de l'étymologie du mot pharmacie. Ce terme a pour origine le mot grec "pharmacon" qui signifie à la fois le remède et le poison en même temps que sorcellerie ; c'est le sorcier qui empoisonne ou qui guérit.
Pendant tout le Moyen-Age, il y a une médication populaire qui oscille entre les incantations et la connaissance des plantes et des herbes ...
Jules Michelet dans son étude sur la sorcellerie au Moyen-Age dit: "Ce que nous savons le mieux, de leur médecine, c'est que les sorcières employaient pour les usages les plus divers une grande famille de plantes équivoques et fort dangereuses qui rendaient les plus grands services.
Sans cesse, le remède s'avère être un poison. La sorcière ne dit-elle pas à la femme qui vient la trouver: "Je te chercherai quelque chose, c'est un grand poison..." Michelet fait remarquer que les sorcières étaient sages-femmes, ce sont des femmes qui soignent les femmes et l'on parlait même d'une plante qui s'appelait "l'herbe aux sorcières." On utilisait "la jusquiame" dont les propriétés sédatives étaient connues et qui est un dangereux poison de même que la belladone pour les maladies nerveuses.
Dans une autre perspective, Le philosophe Michel Foucault montre que la nature est"lisible", elle est un signe. Il reprend une expression de Paracelse, médecin-astrologue du Moyen-Age: "Il n'y pas de montagne qui ne soit assez vaste pour cacher au regard de l'homme ce qu'il y a en elle, cela lui est révélé par des signes correspondants." Il ajoute: "C'est pourquoi, les plantes qui représentent la tête ou les yeux, le cœur ou le foie auront une efficacité sur cet organe." Les mots sont les signes des choses. La nomenclature n'est pas une simple façon de désigner par convention, elle désigne de l'intérieur.
Ce lent travail pour aller vers une pharmacie scientifique est aussi analysée par Bachelard. Il montre que les valorisations affectives inconscientes des métaux peuvent avoir des effets positifs comme l'or ou l'émeraude. Il cite Geoffroy: "Outre les vertus superstitieuses qu'on attribue à l'émeraude, on croit communément qu'elle arrête les hémorragies, les dysenteries..." En un mot, l'histoire des remèdes est pleine de recherches inattendues.
L'évolution vers une pharmacie scientifique est due au progrès scientifique, à l'évolution de la société et des états; cette médecine préscientifique est souvent privée et les états vont avoir tendance à faire passer les remèdes dans l'espace public et à créer une réglementation administrative. Il faut noter que dès les temps les plus anciens, vers 3500avant J-C, on inscrit les remèdes sur des tablettes. Au Sumer, par exemple, les scribes indiquent scrupuleusement les noms des remèdes. Cela témoigne d'une évolution de la culture, de l'écriture mais aussi de la main-mise de l'institution politique sur la pratique de la médecine et de la pharmacie. Cette situation a de quoi surprendre quand on sait que la pratique de la médecine en Europe resta très longtemps dans le domaine privé.
Les avancées et les retours en arrière des civilisations sont surprenants. L'Antiquité reste à bien des égards dans une situation préscientifique, on trouve des dieux guérisseurs en Grèce et à Rome. En Europe, ce n'est qu'au 16ème siècle que l'on voit apparaître une échoppe d'apothicaire. Celui-ci a une double fonction médicale et commerciale. Les apothicaires recueillent et conservent les produits dans des pots en faïence souvent décorés et parfois dans de simples pots en terre cuite. On peut encore visiter aujourd'hui d'anciennes boutiques d'apothicaire dans l'est de la France et et en Espagne à LLivia. En même temps que les boutiques les pratiques médicales se spécialisent. La fonction de pharmacien devient distincte de celle de médecin. Le pharmacien obéit de plus en plus à des règles strictes et le médecin devient le garant de l'utilisation des remèdes.
Le caducée qui symbolise la pharmacie se distingue de celui de la médecine. Celui-ci se présente sous la forme d'un bâton sur lequel s'enroule un serpent: le bâton d'Asklépios alors que le caducée de la pharmacie se présente sous la forme d'une coupe entourée d'un serpent qui s'abreuve, c'est la coupe d'Hygie. Hygie était dans la mythologie la fille d'asklépios, c'était la déesse de la santé et de l'hygiène. Au temple d'Epidaure, elle donnait à boire au serpent de son père.
Enfin, la croix de la pharmacie est verte pour se distinguer de la Croix Rouge.
